Enquête INdIGO : La majorité des pêcheurs seraient prêts à utiliser des engins de pêche biodégradables

Plus de 200 pêcheurs français et anglais ont participé à l’enquête menée dans le cadre du projet INdIGO entre décembre 2020 et août 2021. L’analyse des résultats permet d’en savoir plus sur l’utilisation des plastiques dans le secteur de la pêche des deux côtés de la Manche et sur la possibilité d’adopter pour les pêcheurs de nouveaux filets biodégradables. La majorité des participants à l’enquête sont des armateurs et patrons qui utilisent des engins passifs (casiers, filets et lignes). Les fileyeurs sont majoritairement représentés (35%) mais les chalutiers, les caseyeurs et les dragueurs ont aussi participé à l’étude.

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Utiliser des filets biodégradables : dans quelles conditions ?

Les résultats de l’enquête montrent que la majorité des participants (73%) souhaite utiliser un filet de pêche biodégradable dans les mois à venir. Pour les pêcheurs ayant participé à l’enquête, les critères de performance sont primordiaux : le filet biodégradable doit être aussi efficace que le filet traditionnel, c’est-à-dire aussi pêchant, résistant et solide. Au niveau technique, 76,4 % des pêcheurs considèrent que la résistance des filets est très ou extrêmement influente. Par ailleurs, pour 65,7% des participants, une réduction de la durée de vie des engins de pêche est acceptable.

Les résultats de l’enquête montrent aussi que la valorisation du produit de la pêche et de l’activité de pêche auprès des clients et du grand public pourrait favoriser l’intention d’utiliser le filet (par exemple, par la proposition d’un label). Pour plus de la moitié des pêcheurs interrogés, il est important que la famille et la clientèle approuvent leurs choix d’engins de pêche. Il semble également que les arguments environnementaux soient utiles pour intéresser les pêcheurs aux filets de pêche biodégradables.

La majorité des pêcheurs ont, par ailleurs, exprimé la volonté d’essayer le nouveau filet biodégradable (94%) et certains sont déjà intéressés par les tests qui se dérouleront dans les prochains mois dans le cadre d’INdIGO. Enfin, un surcoût de 1 à 10% à l’achat du filet biodégradable est envisageable pour la moitié des pêcheurs interrogés. Cependant, la majorité déclare qu’une aide financière est essentielle pour commencer à utiliser un filet biodégradable.

Engins de pêche abandonnés, perdus ou jetés :  en savoir plus pour améliorer la prévention et la gestion de la pollution

L’enquête INdIGO a également permis d’en savoir plus sur les engins de pêche perdus, abandonnés ou jetés. 42% des pêcheurs sont d’accord pour dire que les mauvaises conditions météorologiques causent des pertes de filets, alors que selon certains pêcheurs le manque de sensibilisation et de formation sur la question des engins de pêche usagés peut également provoquer des pertes d’engins. Les autres facteurs causant la perte d’engins qui ont été mis en avant par les pêcheurs lors de l’enquête sont les installations de collecte inadéquates (par exemple, le nombre insuffisant de poubelles) (32%) et les rejets délibérés (31%).

La grande majorité (près de 90 %) des répondants anglais et français ont indiqué qu’ils rencontrent des engins de pêche abandonnés en mer. Lorsque des engins de pêche abandonnés sont rencontrés, presque tous les pêcheurs de l’échantillon (90%) ont déclaré les ramener à terre pour les éliminer. 

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Pour plus de la moitié des pêcheurs (56%) cette élimination se fait via les poubelles pour les déchets tout venant alors que 40% utilisent les conteneurs réservés aux engins de pêche.

Enfin, en ce qui concerne la connaissance des réglementations relatives à la gestion des engins de pêche en fin de vie, 78% des personnes interrogées déclarent ne pas connaître les réglementations relatives aux engins de pêche usagés. Cependant, il apparaît que les jeunes générations sont davantage informées de l’existence de réglementations sur la gestion des EPU que les générations précédentes.

Présentation des partenaires impliqués

L’enquête a été menée par 3 partenaires du projet INdIGO : Le Lab-STICC, le CEFAS et le SMEL.

Le laboratoire Lab-STICC de l’Université Bretagne Sud et l’équipe FHOOX plus particulièrement se concentre sur l’étude des systèmes socio-techniques et la compréhension de l’environnement d’accueil des innovations (analyse des activités, de l’acceptabilité, de l’appropriation, etc.).

Le SMEL, Synergie Mer Et Littoral, est un centre technique situé en Normandie qui apporte un soutien technique aux professionnels maritimes et un accompagnement au développement des productions (prospective, recherche et développement). Les projets répondant à des enjeux environnementaux sont toujours plus nombreux et la problématique des déchets marins fait aujourd’hui partie des préoccupations de ces filières.

Le CEFAS est un centre technique anglais qui travaille avec les industries de la pêche et de l’aquaculture. L’équipe en charge des déchets marins possède des années d’expérience dans le traitement des déchets marins et en particulier de la pollution plastique, allant de l’observation des plus gros débris à la surveillance des microplastiques.

Enquête INdIGO : La majorité des pêcheurs seraient prêts à utiliser des engins de pêche biodégradables